Le pluriel

Les mots ne sont que de vides carcasses sans réelle utilité lorsqu’ils ne sont pas habités par la sincérité,

Ceux-ci apparaissent sans prévenir pour s’attaquer à mon crâne, il n’y a pas une seconde où le répit intervient,

Ça vient, par bribes, par bouts, qui se veulent sans lien, en fait, un seul sujet les unie; c’est-à-dire toi,

Hanté par des questions sans réponse, je m’entends gronder alors que ce que je ressens me prend par en-dedans,

Je ne comprends pas comment cela est arrivé, mais je sais que c’est bel et bien là; c’est sûr et certai, ça, je ne peux le nier,

Tétanisé, je suis, par les circonstances qui scellent mes poignets; je me sens pris au piège, seul, dans un coin,

Naïf, suis-je ? La question n’est pas réellement bête, car malgré tout bizarrement l’espoir reste fort et droit,

Je ne suis pas le plus beau, ni le plus fort, même que les plus comiques s’amuseront à dire que je par au vent,

Pourtant, je suis prêt à me faire saccager, massacrer et torturer par la vie; tu vaux la peine que je résiste,

Attirance refoulée, sentiments proscrits, pulsions tenues en laisse; capharnaüm de retenue menant vers un cataclysme,

Je vis des moments de tortures mentales qui pourtant ne m’arrêtent pas, car les instants de bonheur avec toi sont plus forts et persistent,

Je suis atteint de démence, car je ne m’y retrouve plus, je ne sais plus quoi penser, mais je continue à vivre avec optimisme,

Le goût de crime est si doux lorsque mes mains se perdent dans le sinueux dédale de tes cheveux noirs,

Ton visage dont la beauté décape ma rétine allégrement perce mes rêves; c’est toi qui me hante le soir,

Tes sourires me fusillent sur la place publique pendant que mes genoux sont au sol, ma main sur le cœur,

Les moments passés en ta compagnie alliés à l’attention particulière que je te porte m’expédient en enfance sous son bonheur,

Je suis debout sur le bûcher, les flammes m’aguichent en léchant ma peau; une douleur qui côtoie le plaisir,

L’imagination ne pourrait même pas inventer les tourments de ton passé, ta force est impressionnante; la vie t’a tellement regardée souffrir,

Je tente en vain de m’expliquer pourquoi, au travers d’un si grand nombre d’étoiles, il y en a une qui semble briller plus que les autres,

Étrangement, la perception que je possède s’enfarge dans ton image; je ne regarde plus de la même manière,

Lorsque mon regard plonge dans le tien, mon échine devient chatouilleuse; les termes troublant, perturbant et envoûtant prennent un sens,

Alors que je préfère le silence, crier comme un muet, je découvre l’envie de me confier; tu as toute ma confiance,

Je désire vivre mon présent, tuer l’idée accablante et incertaine d’un futur et me rappeler longtemps d’hier,

Une femme ayant une franchise déstabilisante et une énergie contagieuse; si elle n’avait existée demanderait à naître,

Tu me troubles, tu m’intrigues; j’abandonne ma raison pour sourire bêtement et je glisse vers une léthargie,

Je suis une statue d’argile; mes traits sont figés dans ma contemplation et mes yeux scintillent d’intérêt; l’image ne ment pas,

Ma vie est tournée en noir et blanc, tandis que toi tu passes et crayonnes tout cela de couleurs explosives et pétillantes,

Je garde rancune envers la vie qui me rit au nez quand je m’égare dans les profondeurs de ton odeur enivrante,

J’ai peur de l’inconnu qui se dévoile; je fige, stupide, j’agis de façon désarticulée; la peur m’envahit voilà mon constat,

Le temps en ta compagnie arrête d’être tangible, il suspend sa longueur habituelle; l’attrait des silences se définie,

Sur cette immaculée blancheur que me propose ce papier, une passion d’écrire s’allie à l’irrépressible besoin de le faire,

Ce ne sont que de pauvres traits de plomb qui noircissent spontanément un bout de feuille, alors que pourtant c’est clair,

Ces mots sont infiniment précieux, car je les pense et brûle sous des sentiments qui ne veulent pas se taire,

Pourtant, ces mots sont traîtres : ne rendant pas justice à la force des sentiments que je ressens, c’est que trop éphémère.