Empathie plastique

Sous les aubépines, je vois gris alors que le bleu scie ma pupille en deux. Certes, les voix me parviennent comme d’étranges murmures franchissant le cap d’un mur de béton, ce marquis d’une vie bien rangée. Le besoin de vivre s’échappe dans une solitude emprisonnée dans un bocal qui l’enferme dans des parois de vitre; de ces parois qui semblent très infranchissables. L’empathie, reste bien sympathique, mais elle finit par pourrir la vie à mesure, à toutes petites mesures. On ressent des choses, des vagues de sentiments, qui ne nous appartiennent pas qui sont attachées à un néant qui ne possède pas réellement de nom à juste dire. L’herbe est belle pourtant les pesticides qui l’engraissent viennent nuire à son aspect naturel qui ne demande qu’à être gouté. Cette perception des fluctuations émotionnelles de ceux qui nous entourent est amère au goût, s’attaque à notre âme y arrimant le poids des problèmes des autres. Alors, on entre dans une tornade de manipulations et de discernements à plus lâcher qui nous lynchent sans dire mot, mais qui crie à l’intérieur de notre crâne pour en faire une de nos priorités. Il y a certaines personnes qu’on ne peut pas vraiment réchapper, il y aura toujours des naufragés qui sont nés ainsi comme de poltrons petits bébés geignards dont les sanglots nous aveuglent. Ceux pour qui l’on doit se battre, faire maintes efforts et qui seront probablement les premiers à nous repousser à nous tasser d’un signe de croix plus qu’imposant, ce sont eux qui sont sous l’eau pris au piège et qui n’osent pas crier par peur que leurs paumons se voient assaillis par un flot agressant d’eau pour qui on doit se débattre, se démener afin de les aider à patauger. Ils sont muselés par une habitude qui leur coupe le souffle et les restreint au silence, un silence troublant à la limite de l’infranchissable. Lorsqu’on veut être une bouée pour d’autres, il faut s’attendre à devoir passer au travers des vagues de refus et on doit se dire que la marée ne nous ménagera pas, car l’âme d’une personne fragile est très capricieuse et s’arrange d’être boudeuse autant que colérique. Sous les observations permanentes qui cherchent à élucider des doutes qui ne sont que poussières dans l’esprit; c’est pourtant avec la poussière qu’on forme des monticules de terre, l’empathie nous embarque dans son pattern sans nous demander notre avis, nous enferme dans une bouteille de plastique. Alors, on se fait valdinguer d’un côté puis de l’autre sans réellement pouvoir y faire quoi que ce soit. Les émotions des autres nous assiègent défonçant nos barrières mentales à l’aide d’un bélier nommé imposition en tassant littéralement nos propres sentiments qui alors perdent toute autorité et se voient arrachés leur étoile de shérif. Difficile est le chemin menant jusqu’à la guérison et même si certains baumes arrivent à cotiser des plaies; celles-ci cicatrisant laissent une trace qui à jamais marquera les victimes de la fatalité de la blessure. Il y a des eaux dangereuses et beaucoup trop malicieuses dans lesquelles on ne devrait pas s’aventurer, pourtant sous la pression immense qui vrille nos neurones sous cette empathie qui nous rend débile, nous sautons à pieds joints dans certains combats qui ne sont pas les nôtres. Il est facile de perdre pied lorsque les berges sont glissantes à un poids où nous sommes à tout moment susceptibles de faire une chute; il faut faire attention pour ne pas fourrer son nez n’importe où. L’empathie est une bénédiction qui cache une malédiction, car si on nous fournit la capacité de comprendre; on nous impose l’obligation de subir et si l’on nous offre la chance d’aider les autres; on nous enlève une partie de notre tranquillité d’esprit. L’empathie est une bouteille de plastique qui flotte sur un océan, parfois celle-ci nous laisse serein, les jours de bonne température, mais lors des tempêtes, elle se voit entraînée d’un bord, puis de l’autre; sans pouvoir rien y faire.