Silence orgueilleux

L’érosion des passions se fait lorsque l’eau tape trop longtemps à la même place, car la roche qui semble avoir l’air si dure de l’extérieur possède, en fait, une faiblesse qui réside dans sa mollesse d’argile qui la caractérise. L’enrobage est solide, mais son cœur est tendre. Même si la chaleur ne nous plombe pas sur la tête, on a même à cela des hallucinations qui sont déstabilisantes. On voit tranquillement notre petit monde calme se faire envahir par une pincée d’absurdité et de démence qui vient assiéger notre esprit; partant, du même coup, avec notre raison comme un escogriffe. La vie dérive, notre balbutiement devient cylindre, alors que tout le sens des choses que l’on fait semble s’aplatir en de longs silences. Une éternelle réflexion qui sans être alimentée par la raison dicte des mots qui plongent leur vitalité dans la démence, atteignent l’euphorie d’une idéologie abracadabrante qui chancelle sous le pouvoir d’y croire et ressemblent à s’y méprendre à la réplique d’une prise de bec qu’on aurait lancé entre nous-mêmes et notre propre personne. On regarde adroitement, malhabile dans notre adresse, autour de nous, afin de s’assurer que les autres ne nous poignardent pas en plein dos, alors que le pire est devant nous; partout à la fois. L’ennemi de notre grinçante et maladive inquiétude ne réside qu’en nous. Nous enfermons ces tristes réalités dans un placard, dans le noir caverneux, nous les bâillonnons d’en un silence meurtrie par notre volonté de se taire; nous blessons nos trippes les empêchant abruptement de s’exprimer, de crier leur douleur. Nous faisons tomber le masque sur nos yeux, effritant au même passage notre visage qui s’en voit altéré, magané et persécuté, mais ce masque que les autres voient n’a de beauté que celle de leur montrer ce qu’ils veulent voir; un sourire sincère qui craque de partout laissant découvrir que des parcelles de tristesse. Un regard strié d’expériences qui blessent le caractère qui ne veut pas montrer de faiblesse par protection de son orgueil, cette petite chose qui ne demande qu’à paraître fort et brave, alors que l’inverse est là à peine visible tapi dans le noir. En catimini, parfois, certain échapperont à l’œil vigiles des gardes de notre conscience, ceux-ci ouvriront des portes qui sont fermés à clefs d’un simple regard, entrerons dans des endroits qui ne voient jamais la lumière du jour et nous déstabiliseront avec leur inquiétante habileté à comprendre, percevoir et expliquer. Les mots prennent un sens lorsque la compréhension les suive, car ainsi on forge le sens même des perceptions et des élucubrations qui foulent le sol de notre nid cérébral. Lorsque des soldats se lancent la mission de partir à la rescousse d’une personne qui se perd sous un masque, se noie dans l’infinité de la négation, ils deviennent hanté par une force qui leur permettront de défoncer des portes qu’ils ont peine à percevoir, laissant sortir des brutes et des monstres qui avaient jusque là resté tapis dans un noir silence, crime désopilant d’une hardie volonté de paraître heureux. Parfois, les plus belles fleurs qui semblent si radieuse, sont celles qui peine le plus à survivre; elles se battent afin d’accentuer d’une note positive les ondes qu’elles envoient, mais pourtant sous leurs belles pétales qui nous charment tant l’ombre existe bel et bien, persistant à pourrir sa vie à même ses racines. Le trottoir voit des milliers de personnes passer ainsi; presque personne ne s’y arrête, ils ne font pas attention; le temps manque, une fleur y pousse, le monde la remarque; trouve à quelle point elle est radieuse, mais ne voit pas que celle-ci crie à l’aide sous sa couleur frappante. Les fleurs ne peuvent pas pousser à même le ciment, pourtant certaines fleurs le font.