Lampadaire lumineux

La confiance, si dure à accorder et si facile à perdre. Un pas en avant, comme un pas en arrière; les armes les plus destructrices naissent de celle-ci comme, pourtant, le soulagement y réside aussi. Croire, voir et percevoir; trois termes des plus semblables. Alors, le tout repose sur un terrible hasard qui peut s'avérer très douloureux si on ne fait pas attention; même les couteaux à beurre qui ne semblent pas couper peuvent blesser. Les lampadaires d’un quartier où l’obscurité poursuit les passants afin d’abattre sur eux la solitude de la noirceur sont nécessaires afin qu’ils puissent ne pas s’enfarger dans les craques du trottoir. Ces lumières, crachant des éclats blancs sous les murmures de conseils avisés, peuvent être le salut qui mènera vers une facilité foudroyant certains visages d’un sourire sincère, mais il peut aussi s’avérer que cette lumière aveugle les passants. Il arrive que celle-ci leur tend une mascarade, leur truffe sous le nez des futurs aux apparences prometteuses, qui sous la couverture d’une bien belle comédie dirigée par des langues qui ont l’agilité des mots, de leurs tournures et de leurs moindres guet-apens, leur serve mensonges, leurres et fausses paroles. Devrait-on ne plus se permettre d’être surpris par peur d’être déçu ? Reste que cette déception est une des tortures les plus malignes de ce pauvre monde, elle possède comme fondement le mensonge, opte pour la trahison en vertu de procédé; le tout une fois servi vous happe le souffle, vous arrache des cris de douleur qui s’accouplent à ceux de colère et vous laisse choir sur le plancher froid contre lequel vous vous affaissez, car vous avez terriblement mal, mal à ne plus pouvoir y réfléchir, aussi mal que si on venait de vous prendre une partie de vous-mêmes. La confiance est une chose inerte au départ. Une chose à laquelle nous donnons vie, car lors de ses premiers pas nous lui tenons la main afin qu’elle ne s’écroule pas, mais elle grandit vite, court vers la liberté et on risque de perdre le contrôle. La mort d’une telle aventure étreignant deux personnes, l’une avec l’autre, déchire notre cœur en mille morceaux, lacère nos convictions au plus profond de leurs racines, massacre les globes de ces lampadaires dont la lumière est censée nous rassurer, car on finit par avoir peur du noir et, par le fait même, nous nous aventurons de moins en moins dans ces rues qui voient leurs lampadaires s’éteindre à petit feu. Nous finissons par cultiver une peur, une peur irrationnelle, mais dont on ne peut nier l’existence ; nous avons peur de la lumière. La confiance est le carburant qui fait avancer nos vies, il faut simplement essayer de ne pas exploser lors de sa manipulation, car on s’en mordrait les doigts, se brûlerait le toupet et finirait par endurcir notre cœur de cendres. La vie étant ce qu’elle est, nous trimbalons notre baluchon de bagages personnels sur notre épaule et nous sommes prêt à faire la guerre, à affronter nos démons, ces épreuves qui nous rentrent dedans sans nous ménager, mais, parfois, dont le fardeau devient trop lourd pour un être seul et nous tombons à genoux sous son poids qui meurtrit nos épaules. Et, alors, nous avons d’autres choix que d’allumer un lampadaire, de placer notre confiance en quelqu’un d’autre pour qu’il nous aide à nous relever sur pieds. Souffrances inutiles, voyageurs vivant de solitude par peur de passer au confessionnal, car leurs expériences leur a appris qu’il était dangereux de jeter sa confiance par une fenêtre. Tristement abusée, leur confiance est fracassée et les morceaux des ampoules une fois détruites sont difficiles à recoller ensemble. La confiance est un cadeau, dont la lumière ne doit pas être souillée de mauvaises intentions, il faut faire preuve de discernement ; on ne doit pas plaisanter avec une telle chose sinon on trompera ou on sera trompé à coup sûr. Les dés sont jetés, l’homme est joueur par nature, mais il est aussi fourbe, donc il se doit de prendre garde aux complices qui s’amusent avec lui afin d’assouvir des penchants ludiques qui peuvent être fortement coûteux…