Entre quatre murs


Je sens mon cœur battre à tout rompre, il me demande quelque chose; il veut la liberté,

Prisonnier de mes états d’âme, il se doit de rester enfermé entre mes vieux os,

Mon cerveau, quant à lui, me demande une trêve, sous mes pensées, il est entrain de suffoquer,

Je ne vois plus clair; c’est embrouillé, je scrute tout sous tous les angles, j’ai cela dans la peau,

J’ai beau tenter d’expliquer ce phénomène, je n’y arrive pas; c’est le néant total dans ma tête,

Pulsion après pulsion, je m’empresse à chercher réponse, mais y trouve encore plus de questions,

Douter, à l’aguets du coupable… créant une chasse aux sorcières pour trouver un traître,

Comme par magie, d’un geste, je m’embrouille, car mes certitudes, je les fais disparaître,

Avancer à reculons, remonter une horloge dans le mauvais sens, vais-je dans la bonne direction ?,

Je ne comprends plus rien, je ne pourrais dire si je suis en condition de penser convenablement,

Comme si mon esprit était envahi d’une brume épaisse et pesante qui alourdit mon jugement,

Mes yeux, qui arboraient pourtant parfaite santé, sont atteints de cécité déformant ce que j’y vois,

Mes sens, autrefois d’une précision infaillible, sont escarmouchés par des vacillements soudains,

Mon équilibre touché, j’en perds pied; une houle s’empare de la terre rendant mon pas incertain,

Impression d’ivresse, j’arrive à m’y cacher, à fuir; pourtant l’alcool n’y est pour rien cette fois,


Droit devant, je vois une silhouette sombre et inquiétante qui me fixe de son regard menaçant,

Je n’ose pas le regarder dans les yeux, il m’effraie à m’en donner des cauchemars infantiles,

Il avance vers moi, d’un pas certain, pendant que je sens monter la chair de poule sur ma peau,

Sous cette vision dont je m’efforce de nier l’appartenance au monde tangible, je tourne le dos,

Fuyant une vérité crue, une introspection de mes sentiments comportant des cordes sensibles,

Je sens un regard perçant qui me met à nu, qui s’empare de mon être, qui étudie mon essence,

Violence, cette partie de moi, que je n’ose pas affirmer, m’expédie contre un mur; il est irascible,

Acculé contre ce mur, recroquevillé sur moi-même à l’image d’un bambin dont j’ai l’innocence,

Ma colère se retourne contre moi, je me fais réduire en charpie par une fureur qui est mienne,

Bleus, ecchymoses et hématomes, piètre état de mon âme, dont l’apparence fout la chienne,

Il me fait entendre raison à force d’insistants coups durs et, alors, je pleure des larmes de vérité,

Je me fais face comme si j’étais obligé de rendre des comptes au reflet chatoyant d’un miroir,

Fuir ? Alors que je suis entre quatre murs, dans une salle où tout ce qui est permis; c’est croire,

Je n’y compterai pas trop, alors je m’assieds à terre; vaincu, soumis à la fatalité de mon sort,

Je me mets à raconter comme si je jouais du piano dont les notes seraient des échos d’or,


Une histoire aux apparences attirantes, mais aux chatoiements transperçant l’âme de confusion,

Un segment de vie où tout sombre dans un amalgame de bordel, anarchie, chaos et prises de tête,

Un univers dans lequel le discernement s’est fait lynché par cette réalité à l’idée ludique,

Dans un de ces tournants de vie où se cache son absurdité, celle-ci m’a laissé à l’abandon,

Un obstacle me délie d’un fardeau noir de pessimisme jetant mes obscures pensées aux oubliettes,

Une figure nette apparaît aux travers de cette brume l’éclaircissant d’un espoir soporifique,

Les mots qu’elle me lance avec malice effleurant mon estime si fragile sont comme des couteaux,

Lames affilées qui, par mégarde, ouvrent d’anciennes blessures que j’espérais à jamais refermées,

Elle s’empare doucement de tout ce qui l’entoure; elle est d’instinct la plus belle des séductrices,

Elle n’en reste pas moins synonyme de danger comme la mort elle est infâme tentatrice,

Elle a sur moi l’effet d’un poison au venin mortel, goutte par goutte, j’y suis mithridatisé,

Déclenchant des émotions enfouies profondément en moi qui me font vibrer sous leurs flots,

Comme la main peut caresser autant que châtier, celle-ci me libère et m’emprisonne,

Je suis dans un paradis où malgré tout je suis confiné et emmuré. D’appréhension, j’en frisonne,

Dans un de ces tournants de vie où se cache le bonheur; celui-ci est invisible, je passe à côté,

Un univers dans lequel un espoir frêle et chétif est sauvagement attaqué par cette dure réalité,

Un segment de vie où espoir, amour, plaisir et passion sont d’aguichants leurres,

Une histoire où tout peut être perdu, tout est incertitude, une histoire où règne la peur,


Je sombre dans tes yeux éclatants, corrompues sont mes lèvres fiévreuses de compliments,

Je bois tes paroles tel un ivrogne, atteint de démence j’y vois un intérêt, aurais-je la berlue ?,

Malgré mes observations nébuleuses, la raison de cette malice est transparente, c’est évident,

Je te vois comme une sublime fleur qui fane sous les heurts de la vie qui sur toi a jeté son dévolu,

Une rose aux armes épineuses, mais, pourtant, sans défense face à ce beau sentiment qui te lacère,

L’amour, une émotion qui donne des ailes dont tu es prisonnière; goûte ce paradis, cet enfer,

Ton visage est voilé d’un masque, ultime protection du goût amer que procure l’adversité ?,

L’espoir galvanise mes faiblesses, mais je percute des murs; je n’y découvre que de l’ambiguïté,

Sempiternelle ivresse engendrant une angoisse issue de certitudes fondamentalement hasardeuses,

Secret dont le sceau est scellé d’obstination avec la conviction que son ouverture serait périlleuse,

À l’image d’un pantin, candide marionnette, dont les fils s’emmêlent, je m’immobilise lentement,

Le temps s’entrecroise, un futur incertain suivant un pâle passé s’entasse sur un présent décevant,

Cajoleuse, ardente, joueuse pourtant si distante, glaciale et double; paradoxe de la personnalité,

L’image de cette cascade sombre ruisselant sur ton visage, tableau d’une finesse jamais égalée,

Âme vibrante de talent capturant une foule d’émotions transcrites avec de l’encre sur le papier,

Sous une facette étrangère à toi-même, tu continues à mutiler ta propre personne, à l’estropier,


Je bouillonne intérieurement, j’enrage littéralement, les dents me grincent, chuintent et contestent,

Ce massacre que tu t’infliges, ce déchirement en lambeaux semblable à un sabotage volontaire,

Noircit tes journées sous l’ombre acrimonieuse du fusain, s’égrainant sous cette fragilité précaire,

La tôle érafle mes mains tentant de se labourer un chemin sous ta coquille métallique, tu résistes,

Le sang glisse doucement le long de mes bras, des larmes ruissellent lentement sur mes joues,

Pourtant, je continue à me bagarrer avec toi désespérément afin de t’illuminer la bonne voie,

Je surveille, j’examine, je suspecte et j’espionne tes moindres mouvements; je suis aux aguets,

Si l’alarme éclate, que tu as besoin de moi, j’accours vers toi immédiatement et je suis prêt,

Mes bras endoloris préservent la brèche qui sous ta carapace m’autorise cette lucide vision de toi,

Mon chagrin salé corrode ma pupille, me faisant basculer vers cette lancinante perception floue,

Je te vois blottie à la recherche de la chaleur qui indifféremment quitte tes yeux si tristes,

Blesse-moi, injure-moi : mes contusions sont désuètes si c’est pour te donner du lest,


Prisonnier de ce si puissant sentiment qui me séquestre dans ce rôle de héros,

Cette négligence de ma propre douleur lorsque je vois que tu t'affales sous le poids de la tienne,

Mes blessures ont tendance à être suturées sous l’empressement, ne guérissant jamais réellement,

Je m’impute la responsabilité des peines qui te traversent, déversant mon empathie dans le noir,

Malmenée par tes propres démons, tu es aveugle à mon soutien qui finira par m’engloutir,

Notre relation se contraste d’amour et de cruauté, de ta protection et de ma destruction,

Cette nuit où j’ai dû t’emmurer contre moi de peur que tu te saignes en labourant ta peau sans fin,

La douceur de tes lèvres satinées cajolant chaque parcelle de ma peau soudainement lubrique,

Ma stoïcité devant ton esprit qui se suicidait à petit feu alors que la peur envahissait mon coeur,

Ce lit si fragile où nos langues fusionnaient et nos corps se charmaient, sous un destin moqueur,

Ma maîtrise sur mon envie, ce respect que je t’accordais, le silence étouffant mes suppliques,

Cette jalousie inconnue, cette colère sourde. T’abandonner à lui, notre amour qui s’éteint,

Cette façon dont tes sourires balayaient mes ennuis malgré mes tentatives de dissimulation,

J’ai voulu te sauver, j’ai voulu t’aider, je t’ai aimé, mais l’oppression m’a amené à faiblir,

Mes mains sanguinolentes désertent ce combat, mais porteront les cicatrices de notre histoire,

Mon regard se pose sur mes paumes meurtries et cernées de tant d’investissement,

Ces marques d’amour, d’obstination et d’abnégation sont la trace de cet entêtement qui m’aliène,

Malgré ces quatre murs qui m'enserrent, je me connais, je tomberai amoureux à nouveau.